Vivre. La psychologie du bonheur
Qu’est-ce que le bonheur? Qu’est-ce qui nous rend heureux? Voici les questions fondamentales auxquelles l’auteur, professeur et chercheur en psychologie, Mihaly Csikszentmihalyi, répond à l’aide d’une méthode de recherche rigoureuse et en se basant sur les nombreux écrits sur la question depuis les derniers siècles.
Vivre. La psychologie du bonheur n’a pas pour but de donner un mode d’emploi pour trouver le bonheur. En fait, l’auteur y décrit comment les gens heureux se définissent, comment ils décrivent leur expérience de bonheur. L’auteur examine les points communs de ce qu’il nomme l’expérience optimale (flow) soit ce qui crée le bonheur en soi.
Dans notre monde occidental, l’individu est souvent « aspiré par la spirale hédonique infernale ». (p.25) En effet, nous vivons dans l’illusion qu’en comblant nos besoins et en cherchant toujours plus de confort, nous serons heureux. Or, il n’en est rien. Les désirs sont infinis et nous nous trouvons tôt ou tard insatisfaits. Mais bien des gens ont trouvé le bonheur et se sont échappés de cette spirale. « Ce sont ceux qui, indépendamment de leurs conditions matérielles, sont capables d’améliorer la qualité de leur vie, sont satisfaits et rendent les autres un peu plus heureux. Ces personnes mènent une vie énergique, sont ouvertes à toutes sortes d’expériences, continuent d’apprendre sans cesse, ont des relations solides et intimes avec les autres et s’adaptent à leur environnement. De plus, ils trouvent la joie dans leurs activités, qu’elles soient fastidieuses ou difficiles, ne s’ennuient presque jamais et gardent le cap malgré tout ce qui se présente. » (p. 25-26) En fait, le bonheur découle de la maîtrise de notre vie. De plus, l’auteur montre que les gens qui savent transformer une situation désespérée en défi par la maîtrise de leur conscience sont heureux. Tout repose en fait sur le contrôle de la conscience, des pensées et des émotions.
L’ordre dans la conscience correspond dont à ce que l’auteur désigne comme « l’expérience optimale » ou expérience-flot (flow experience). L’expérience optimale consiste en « une situation où l’attention est librement investie en vue de réaliser un but personnel parce qu’il n’y a pas de désordre qui menace le soi. » (p. 51)
Un autre point intéressant de ce livre est de cibler les caractéristiques de l’expérience optimale. Car si les activités qui provoquent l’expérience optimale sont très diversifiées (selon l’âge des gens, leur culture, etc.), elles présentent des points communs :
1. la tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière;
2. L’individu se concentre sur ce qu’il fait;
3. La cible visée est claire;
4. L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate;
5. L’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction
6. La personne exerce le contrôle sur ses actions;
7. La préoccupation du soi disparaît, mais, paradoxalement, le sens du soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale;
8. La perception de la durée est altérée.
Mais bien d’autres aspects sont abordés dans ce livre et j’y reviendrai. Par exemple, il est question des activités « autotéliques » et de la personnalité autotélique. Il semble en effet que certaines personnes soit prédisposées au bonheur. Ce qui ne veut pas dire que les autres n’y ont pas accès.
Mihaly Csikszentmihalyi. Vivre. La psychologie du bonheur. Paris, Robet Laffont. 1994. Coll. "Réponses". 264 p. (Traduit de l'américain. Titre original: Flow: the psychology of optimal experience, paru en 1990)