Ma vie de prof: tirer sa révérence
Aujourd'hui, mes étudiants me remettaient la première partie de leur rapport de recherche. C'était aussi la journée du premier examen de la session... et c'était également la journée que j'avais choisie pour leur annoncer que je ne serais pas à leurs côtés jusqu'à la fin de la session.
J'avais toute leur attention. Juste avant un examen, les étudiants sont aux abois. Les sens en éveil. Stressés.
Et je leur ai annoncé cela. Mon départ prochain. Mes problèmes de santé.
Mais surtout, je leur ai demandé d'être compréhensifs. La personne qui me remplacera ne sera pas un clone de moi-même... (Certains ont ri) Donc, il faudra qu'ils acceptent d'être pris en charge différemment. Et de ne pas reprocher au nouveau prof de ne pas être moi. Je leur ai demandé cela. Je leur ai dit que celui ou celle qui me remplacera n'aura pas la tâche facile. Reprendre un cours de métho en milieu de session, c'est loin d'être idéal. Mais je crois qu'ils ont compris. J'ai senti un bel élan de sympathie. Je les en ai aimés davantage.
J'avais deux très bons groupes de méthodologie. Les meilleurs qui m'aient été vraiment assignés (j'en ai eu deux autres très bons, mais c'était des remplacements. Je n'avais pas commencé la session avec eux.)
Et j'ai même eu droit à un bisou d'un étudiant ému.
Je crois l'avoir dit, mais je ne crains pas de me répéter, j'aime enseigner. J'y puise une grande source de bonheur et de satisfaction. J'aime mes étudiants. J'aime les regarder mûrir, apprendre, vivre leur vie. Ils apprivoisent l'âge adulte et je les trouve beaux dans leurs tentatives, leurs essais et erreurs.
Tous. À leur façon.
J'ai parlé en ces lignes des étudiants passionnés. Ce sont ceux qui réussissent à nous garder accrochés, nous, les profs, au fil des jours. Mais les étudiants, dans leur ensemble, sont intéressants. Même ceux qui n'en ont rien à faire des études. Même eux. Car ils représentent un défi pour tout professeur. Ils nous aident à rester en éveil. Ils nous amènent à nous questionner sur nos ressources intérieures. Ils se cherchent eux-mêmes et nous amènent à nous recentrer face à nos valeurs, à ce qui nous passionne.
Impossible de les sauver tous. Mais il ne faut pas les négliger non plus.
J'ai donc annoncé mon départ prochain à mes étudiants. Ils ont été d'une grande gentillesse et d'une écoute sincère. Même si cela me peine de les quitter, que j'ai peur de ne plus jamais me retrouver dans une salle de classe (c'est une peur, c'est irrationnel, je la combats nuit et jour, mais je vous en parle...), je suis malgré tout contente de me voir ainsi supportée.
Une fois encore.