Sous le casque (2e partie)
(Suite de la 1ere partie)
Vendredi matin 6 octobre, après cette nuit blanche dont je reparlerai sans doute, j’ai dû aller prendre une douche et me laver avec une éponge imbibée d’un désinfectant. Mes parents et mon amoureux étaient arrivés sur place vers 9h. L’opération qui était prévue pour 11h30 a été devancée à 10h. Un brancardier a été appelé pour venir me chercher sur civière (transport grand luxe) et m’emmener au bloc opératoire. Ma petite famille suivait sagement derrière.
Après un bref passage dans la salle de préparation où j’ai eu droit à un cours express de yoga, à des couvertures chaudes (elles sont chauffées dans un four spécial!) et l’arrivée rassurante de mon neurochirurgien, j’ai été emmenée au bloc opératoire. Les gens se sont présentés. L’anesthésiste et l’inhalothérapeute ont commencé à m’installer mes solutés, en me brisant une veine au poignet droit. Moi qui suis pourtant si veineuse en temps normal, le fait d’être à jeun et dans un environnement frais n’aidait pas. Le pauvre anesthésiste était désolé. On m’a aussi installé des capteurs pour mes signes vitaux. J’étais couchée sur la civière, bien abriée. Les gens me parlaient, me demandaient ce que je faisais dans la vie (vous vous dites bien que je ne me suis pas fait prier pour parler de mon boulot!) L’inhalothérapeute avait d’ailleurs eu ma collègue comme prof de civilisation au cégep et connaissait aussi ses filles (dont la plus jeune qui étudie en médecine)- Québec, c’est un village… Et j’ai même fini par dire à mon neurochirurgien que son gendre travaillait avec mon amoureux… Bref, j’avais de la jasette, aidée sans doute au fil des minutes par mon calmant, du Dilaudid, un dérivé de morphine tout à fait efficace.
J’ai fini par avoir le foutu casque sur la tête. On m’expliquait au fur et à mesure ce qui se passait. C’est le vissage qui a été le plus saisissant. Car les vis sont directement vissées dans l’os, perçant la peau. J’étais gelée, mais le son est un peu traumatisant. Comme si on vissait dans du sable (en l’occurrence, mon crâne broyé). Puis une seconde partie a été posée sur la première partie du casque. Ça a tiré mes cheveux qu'on a ensuite rasés sur l'endroit à traiter.
Et je suis partie passer ma résonance magnétique. On a roulé la civière. Je ne sais plus qui de l’équipe me suivait. Moi, j’étais bien immobilisée dans le casque, sur le dos sur ma civière. Et sans mes lunettes, je n’y voyais rien. Donc, je sais que j’étais accompagnée et que nous sommes sortis du bloc opératoire pour monter à la résonance. Mes parents et mon amoureux attendaient de l’autre côté de la porte. Pauvres eux! Ils pensaient que l’opération était terminée… Mais on avait à peine fini une partie de la préparation. Je sais qu’ils ont eu un choc en me voyant sous le casque. Mon amoureux en a même pleuré. Mais moi, je ne souffrais pas.
C’était une toute petite séance de résonance. Une dizaine de minutes. Mes parents et mon amoureux m’avaient accompagnée et attendue, toujours derrière la porte. J’ai eu le temps de m’endormir pendant l’examen. Le Dilaudid…
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