La deuxième fois...
La deuxième fois, c'est moins grisant. Sensiblement moins grisant.
La deuxième fois de quoi? Qu'on se pointe aux Copies de la Capitale pour faire une nouvelle série de photocopies d'un manuscrit.
Parce que la deuxième fois, il y a le doute. Le doute qui était présent dès la première fois mais qui, maintenant, s'impose dans notre esprit. L'espoir persiste, en sourdine. On le voudrait plus fort. Mais la raison, le fatalisme, que sais-je? résonnent encore plus fort.
J'ai donc refait des copies de mon manuscrit hier. Je vais faire quelques envois d'ici la fin de la semaine. Je n'ai pas encore écumé toutes les maisons d'édition. J'avais fait un premier tri en essayant de voir si le genre de roman que j'ai écrit était vraiment dans l'esprit des maisons à qui je l'envoyais. Je refais le même exercice.
Hier, j'ai aussi rappelé à la maison d'édition qui m'a fait parvenir une lettre "un peu" personnalisée. Je voulais savoir si cela valait la peine de récupérer mon manuscrit. En fait, si le ou les lecteurs y avaient laissé des remarques, indices d'émoi quelconque, n'importe quel point d'exclamation dans une marge, j'aurais payé les frais de poste pour le retour du manuscrit. La secrétaire a été gentille. Elle a retrouvé mon manuscrit, l'a parcouru... Mais aucune note n'y apparaissait. (Quelqu'un l'a-t-il lu, au moins?) J'ai donc aimablement plaisanté en lui demandant de recycler le papier.
Penser à mes manuscrits jetés dans les bacs de recyclage me rend un peu triste. Je ne pouvais me retenir d'y songer, appuyée sur la machine hier, écoutant le bruit saccadé de l'impression des pages, et alors que j'assemblais consciencieusement mes copies. Et je repensais à un passage du roman de Nadine Bismuth Scrapbook, où le personnage principal, une jeune romancière, attendant un rendez-vous à sa maison d'édition, se fait désigner une quinzaine de boîtes par la secrétaire: des manuscrits refusés en attente du service de recyclage.
J'ai une petite pensée pour les arbres sacrifiés.