Une poétesse que je découvre
Beaucoup de mes amis s'occupent de me fournir de la lecture ces temps-ci. Et parmi les livres qui me sont prêtés, je fais de belles découvertes.
Par exemple, je viens de découvrir Geneviève Amyot, une poétesse québécoise, malheureusement décédée en 2000. J'ai dévoré son livre Je t'écrirai encore demain en un après-midi. Plusieurs passages m'ont touchée au point de m'en faire verser quelques larmes. Il y est question de mort et de vie, de la nature sauvage, de la terre, du fleuve.
Voici un extrait que j'ai particulièrement aimé, où l'auteur parle de l'effet de ses deux enfants sur son angoisse, notamment face à la mort:
" Moi, quand je suis happée par le chaos et saisie d'absurdité, je dispose non pas le moindrement d'une ombre de réponse, mais d'une sorte d'indice, et c'est leur désir à ces deux-là, cette poussée énorme qui les incite à poursuivre, à s'offrir au monde, à s'approprier le monde. Alors quand l'angoisse par trop me torture, je les enlace et les embrasse, je jase, je chante, je raconte pour que leur désir demeure intact et qu'ils sachent, eux au moins, ce qu'il est possible de savoir. Car peut-être est-ce la caresse, simplement, qui assure la nécessité du monde, la juste et suffisante caresse de l'oeil et des bras, celle aussi de la parole, qu'en penses-tu, peut-être l'attachement propice en quelques êtres d'origine règle-t-il, et lui seul, l'ordonnance sacrée du monde." (p. 71-72)
Geneviève Amyot. Je t'écrirai encore demain. Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1995. 125 p.
Illustration: La mère et les deux enfants par Jean-Hervé Daude.