Le traitement des oligodendrogliomes par chimiothérapie
On sait depuis 1998 que les traitements de chimio sont reconnus comme efficaces pour près de 100% des patients présentant des oligodendrogliomes avec délétions chromosomiques 1p/19q.
Il existe deux types de chimiothérapie pour les tumeurs au cerveau : la chimio PCV et la chimio TMZ.
La chimio PCV
Il s’agit du traitement de chimio le plus utilisé. La chimio PCV est une combinaison de 3 agents (médicaments): procarbazine, lomustine et vincristine. La chimio est faite si l’opération n’est pas possible, ou à la suite de cette dernière et des traitements de radiothérapie. De plus en plus cependant, on préfère la chimio à la radio (surtout pour les oligodendrogliomes avec marqueurs 1p/19q), notamment parce que la radio présente effets secondaires tardifs importants.
Les patients traités au PCV voient leur état stabilisé, sans progression de la tumeur, et vivent ainsi plusieurs années. Lors d’une récurrence, on prescrit soit de la radiothérapie, soit d’autres traitements de chimio. Habituellement, un traitement de seconde ligne par chimio demeure efficace, mais une résistance peut apparaître.
L’efficacité des traitements par PCV est très bien documentée. On sait qu’il est plus long avant de constater un bénéfice sur une tumeur de stade II que sur une tumeur de stade III (généralement en progression, donc l’effet est plus direct). Le patient doit bien tolérer le traitement, car plusieurs cycles sont nécessaires.
Traitement standard : Lomustine 110 mg/m2/jour donnée au jour 1. Procarbazine 60 mg/ m2/jour donnée oralement aux jours 8 à 21. Vincristine 1.4 mg/ m2/jour (max 2mg par dose) donnée par intraveineuse aux jours 8 et 29. Les cycles sont répétés à chaque 8 semaines si tolérés, généralement avec un maximum de 6 cycles.
Contre-indications : hypersensibilité à ces médicaments, réserves de moelle osseuse insuffisantes.
Effets secondaires : Procarbazine : myélosuppression, nausées et vomissements, éruptions cutanées fréquentes. Baisse du nombre de cellules sanguines, agitation psychomotrice, symptômes neurologiques. .
Lomustine : nausées et vomissements (disparaissent vite après l’administration), myélosuppression, baisse du nombre de globules blancs. Peut être dure pour les reins et le foie lors d’usage prolongé.
Vincristine : Effets secondaires généralement réversibles. Perte de cheveux transitoire (la réversibilité pouvant parfois être observée avant la fin du traitement) couramment observée. Neurotoxicité lors d’administration prolongée : myalgies, douleurs aux mâchoires et constipation.
Interactions médicamenteuses : Procarbazine: barbituriques, narcotiques, antihistaminiques et phenothiazines à utiliser modérément pour minimiser les risques de troubles du système nerveux central. L’alcool peut provoquer une réaction. Certains anti-dépresseurs sont à proscrire (effets secondaires neurologiques possibles). Lomustine et vincristine : aucune interaction majeure connue.
La chimio TMZ
Depuis quelques années, un nouvel agent thérapeutique s’avère efficace. C’est le Temozolamide (TMZ). Les premières études de chimiothérapie réalisées semblaient indiquer une bonne efficacité, qui coïncide elle aussi avec les marqueurs 1p/19q, et une toxicité moindre pour l’organisme que lors de l’utilisation du PCV. Toutefois, ces études étaient menées sur des patients qui avaient déjà utilisé d’autres méthodes thérapeutiques (chimio PCV, craniotomie, radiothérapie), alors l’efficacité d’un premier traitement au TMZ n’était pas connue.
C’est cette année (2006) que l’étude la plus claire sur le sujet est parue, à la suite des travaux de chercheurs de Jérusalem et Tel-Aviv. Les auteurs ont analysé le traitement de première ligne au TMZ chez 20 patients présentant des oligodendrogliomes nouvellement diagnostiqués. Il semble que le TMZ soit tout aussi efficace que le PCV, avec moins d’effets secondaires. Un patient peut ainsi tolérer les traitements de chimio plus longtemps. L’effet maximal semble atteint après 12 mois, la tumeur devenant alors stable. Cependant, les études sur le sujet étant récentes, on ignore encore quelle est la durée optimale du traitement, s’il est utile ou non de le prolonger après cette période, et si la radiothérapie est nécessaire ou non par la suite.
Ce qui est formidable du TMZ c’est qu’il peut faire régresser la tumeur, ce qui n’est pas le cas de la chimio PCV. La tumeur, selon les cas, disparaît ou rétrécit, souvent de 50% : il devient par la suite plus facile d’opérer et de retirer cette dernière. Le TMZ est admis par Santé Canada depuis 1999.
Traitement standard : 150 mg/m2 donnés oralement, quotidiennement, pendant 5 jours consécutifs. Les cycles sont répétés aux 28 jours. La dose peut être augmentée par la suite à 200 mg/m2.
Contre-indications : hypersensibilité à ce médicament ou à la dacarbazine, réserves de moelle osseuse insuffisantes.
Effets secondaires : surtout des inconforts gastro-intestinaux (nausées légères, vomissements, et surtout de la constipation), quelques patients sont un peu léthargiques, et dans des cas encore plus rares il y a une allergie cutanée ou une douleur articulaire. La fréquence et l’importance de la myélosupression que peut engendrer ce traitement sont moindres que lors de traitements PCV. Aucune interaction médicamenteuse n’est connue. Le TMZ pénètre très bien le système nerveux central.
Source: recherche et texte par Maud Gravel.