Chimio: jour 11, cycle 1
La chimiothérapie continue... et les journées se ressemblent.
Pas d'effets secondaires insupportables. De petits maux de tête, tolérables la plupart du temps. Aucune nausée. À peine quelques inconforts gastriques. Mais vraiment... Je me plaindrais pour rien si je vous disais que j'étais incommodée.
Alors, comment profiter de ce temps de repos si je ne souffre pas?
Et vous voulez savoir? J'écris à une vitesse qui me surprend. Est-ce parce que je sais que je vais me remettre à travailler dès janvier? Qu'importe. Mon deuxième roman avance vite: commencé lundi, il compte déjà 75 pages.
Bon. Vous vous dites que si c'est écrit à cette vitesse, c'est forcément mauvais? Je ne dirais pas cela. Ce sera à retravailler, c'est certain. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que ce que je suis en train d'écrire, c'est ce que j'appelle mon "deuxième premier roman". Tout simplement parce que c'est le roman qui me trotte en tête depuis plus de huit ans, maintenant. Il y a des scènes entières qui sont déjà composées dans ma tête. Sans compter la pile de notes que j'ai prises durant ces années! Pourtant, durant tout ce temps, je n'avais réussi qu'à écrire un misérable 10 pages, de peine et de misère, dans un style lourd qui ne me satisfaisait nullement.
Maintenant que j'ai terminé mon autre bouquin, que j'ai trouvé une façon d'écrire qui me convienne et avec laquelle je suis à l'aise, une syntaxe dont le rythme me satisfasse, j'ai plongé dans mon premier projet avec une aisance qui m'a surprise. Et depuis lundi matin, je reste au clavier à écrire, écrire, écrire... Bien entendu, je nourris moins mon blog, je tarde à retourner mes appels téléphoniques... Je suis dans une espèce de transe.
J'en retire un grand bien-être mental. Car les huit années que j'ai passées à penser à ce roman m'ont rendue obsédée par cette histoire. J'en écrivais contamment des morceaux mentalement, toujours les mêmes. Mais je tournais en rond. J'étais insatisfaite, honteuse de mon inaction, de mon incapacité à mettre mes idées clairement sur papier. Puis, le déblocage a eu lieu. Alors que je ne m'y attendais plus. Un flot continu.
Voilà donc les nouvelles des derniers jours.
À travers tout cela, je m'expose à la luminothérapie (j'ai remarqué que lorsque j'allume ma lampe vers 15h30, alors que le soleil se couche et que la pénombre gagne mon bureau, je retrouve une belle énergie. Je poursuis ainsi jusque vers 16h30. Comme si ça rallongeait le jour.), je visualise régulièrement la chimiothérapie en train de "ronger" le pourtour de ma tumeur. Je fais aussi encore des exercices d'auto-hypnose, pas pour combattre l'angoisse ou la douleur, mais seulement pour rappeler à mon inconscient de trouver le moyen de se débarasser de l'intruse... Et ça me détend toujours de replonger dans les eaux de la mer Égée, sous le soleil de Grèce.
Oui. J'ai le soleil en tête.
Tout va bien!