Mettre ses limites
Samedi, nous avons fait poser une clôture autour de notre terrain avant. Ce geste simple et banal de poser cette barrière m'a fait réfléchir à l'importance, dans notre vie, de mettre nos limites.
Je pense que lorsqu'on identifie où se situent nos limites, en tant qu'être humain, on arrive à trouver plus facilement l'équilibre. On accepte, d'abord, le fait qu'on ne peut pas tout faire, tout endurer. Mais ensuite, il faut concrétiser ce constat. Il faut, parfois, savoir dire "non" quand ces limites qu'on a identifiées sont dépassées.
Bien entendu, la maladie nous amène obligatoirement à faire ce constat et à mettre de l'ordre dans notre vie. Cette prise en charge est parfois difficile. Elle ne vient pas toujours spontanément. Mais elle devient une question de survie. Il faut préserver notre qualité de vie mentale et physique: les limites sont nécessaires.
Notre terrain avant, agrémenté de sa nouvelle clôture, a une toute autre allure. Le terrain paraît plus grand, curieusement. Comme si, clôturé, il apparaissait entier, ses frontières ne se confondent plus avec le trottoir ou les entrées de stationnement adjacentes. Non. Le terrain montre sa vraie superficie et son potientiel.
Clôturé, notre terrain pourra être aménagé. Petis arbres ornementaux, fleurs, couvre-sols pourront bientôt pousser, protégés, désormais, du va-et-vient des intrus. Les livreurs de journaux, de publi-sacs ou le facteur devront passer par l'entrée sans couper à travers le terrain comme ils en avaient pris l'habitude avec le temps. Les gens qui promènent leur chien ne pourront plus les laisser se balader et uriner sur l'herbe. Les piétons qui empiétaient chez nous devront marcher uniquement sur le trottoir. Sans compter les malfaisants qui osaient s'aventurer de nuit jusque sur la galerie avant pour voler nos décorations saisonnières ou fracasser nos citrouilles d'Halloween...
Mettre ses limites a le même effet sur l'être humain. On clôture notre espace mental pour mieux l'apprécier par la suite. C'est une façon de se connaître soi-même. Ensuite, il est possible de s'accorder de l'attention, de "s'aménager" intérieurement. Fini, l'envahissement non désiré. Seuls les invités ont droit de passage.
Mettre ses limites n'est pas une fermeture. C'est, au contraire, une façon de mieux accueillir l'autre parce qu'on s'accueille déjà mieux nous-mêmes.
C'est un acte de respect envers soi, d'abord. Pour le refléter aux autres ensuite.