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Soleil en tête
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18 octobre 2007

Courir ou marcher?

escargotLa chimiothérapie est terminée.

Je commence à ressentir les bienfaits de l'arrêt des médicaments. Même aujourd'hui, lors de mon deuxième cours en ligne (le mercredi, je donne deux cours de suite, de 14h à 18h), un de mes étudiants m'a demandé si j'avais arrêté la chimio. Il avait remarqué que j'étais plus en forme, que j'avais plus d'énergie. C'est tout dire...

Mais alors que je retrouve cette énergie qui me manquait tant, me voilà replongée dans le tourbillon de la vie "normale", avec les attentes, les objectifs à atteindre, les "dead line", le stress, la course folle pour tout faire... Et soudain, je me dis: "Je n'ai plus d'excuse." Plus l'excuse d'être fatiguée, de ne pas pouvoir tout faire. Plus d'excuse pour me reposer, arrêter et souffler. Je ne suis plus "malade".

Et ça me consterne de réaliser à quelle vitesse le changement se fait. Je le sens en moi-même. Je m'entends penser, "Tu n'as plus d'excuse"...

Et je me questionne: La maladie est-elle une excuse? L'ai-je utilisée? Ai-je fini par m'y faire, me donner un rythme de vie qui s'accommodait bien de la maladie?

Alors je repense aux lectures que j'avais faites, il y a déjà quelque temps, notamment le livre du dr Siegel que j'avais tant aimé et dont j'ai parlé en ces pages. On y abordait les questions à se poser concernant notre maladie, et l'une d'elle était: Pourquoi avez-vous besoin de cette maladie et quel bénéfice en retirez-vous?

Je pense que j'avais besoin de la maladie pour me donner du temps. Pour me permettre d'écrire, aussi. Pour me permettre la lenteur, peut-être, aussi. Oui. De la lenteur. De la douceur. Des pauses. Un peu de respect pour moi. Ne pas me laisser labourer par la vie, le train-train. J'ai pu dire "stop!" et, surtout, avoir le droit de le dire.

Maintenant, ai-je encore le droit de dire "stop"? Ça va trop vite, je n'y arrive pas? Je n'ai pas envie de courir, je suis fatiguée? Ai-je droit à la douceur?

Avons-nous droit à cette douceur? Nous l'accordons-nous, ou attendons-nous tous la maladie, le burn-out, la dépression pour dire: j'arrête, je souffle un peu, je me respecte?

Voilà donc l'état de mes réflexions ces jours-ci, alors que je réapprivoise la vie sans Temodal.

Je me rends compte que la maladie ne m'a pas seulement apporté du négatif, mais elle m'a aussi permis de vivre mieux. D'être plus à l'écoute de moi, de mes besoins.

Maintenant, il me faut trouver une façon de réintégrer la vie "normale" sans me détruire. Réapprendre à courir, tout en sachant aussi m'arrêter... de temps en temps.

Peut-être que, finalement, il ne me faut plus courir, mais seulement marcher.

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Commentaires
Z
Que de joie, j'ai hâte de revoir tes bonnes couleurs ! Gros, énorme bec!<br /> <br /> Z.
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M
J'ai beaucoup aimé ton billet. Je suis sûre que quand on vit une épreuve comme la tienne, et comme celles d'autres témoignages, on se met absolument à réfléchir à la vie autrement. J'ai de la chance, je n'ai pas eu à subir de tels événements, mais je me pose souvent la même question que toi. Pourquoi souvent oublie-t-on de profiter de la vie et passons-nous notre temps à courir? La Terre n'arrêtera pas de tourner, même si on ralentit un peu! Mais c'est chose dite plutôt que chose faite, j'imagine. Merci pour tes réflexions :-)
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M
Lorsque la maladie nous frappe on vit pendant un certain temps de façon toute à fait différente.<br /> Plus de temps,plus de repos et l'on s'apperçoit que cette vie nous convient beaucoup mieux.<br /> Les traitements finis il faut reprendre la vie qui était la nôtre. Enfin presque car notre vie n'est plus jamais tout à la fait la même. On se bat alors pour ne plus faire les mêmes erreurs. On est plus à l'écoute de notre corps et l'on comprend qu'il ne faut plus se laisser entrainer par la folie actuelle de notre monde. Ralentir, ralentir encore !!!! Ne plus se laisser submerger par le travail, par toutes ces petites choses qui nous stressent à longueur de temps. On a compris qu'il faut s'arrêter à l'essentiel, aimer la vie, avec ses bonheurs de tous les jours. ne plus se laisser perturber par ce qui n'en vaut pas la peine et surtout prendre le temps de se poser sans culpabiliser. Aimer la vie, c'est la vivre mieux!!!
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!
Lux a bien raison! <br /> <br /> Je me réjouis de ta belle forme retrouvée mais justement: faut pas trop s'y fier pour se brûler les ailes ;)
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V
Donnons-nous le droit à la douceur de vivre, cette tendresse à notre corps qui sait en être reconnaissant par la santé.<br /> <br /> Merci de ta pause avec nous.
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