Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Soleil en tête
Soleil en tête
Derniers commentaires
27 janvier 2008

Ambivalente rentrée

Teacher_apple_iJe ne sais pas si c'est le fait d'avoir été malade qui affecte ma capacité à endurer le stress, mais quelque chose a changé. Je le sens.

En fait, je suis encore "capable" d'endurer le stress, la différence, c'est que je m'impose une limite. Une limite que j'essaie, ensuite, de ne pas dépasser.

Cette semaine, c'était la rentrée des élèves. Les premiers cours. Le premier contact. J'ai vu quels étaient mes défis, notamment au niveau de l'adaptation à mon horaire. Par exemple, le mardi, je donne deux cours de deux heures et je termine à 18h. Le lendemain matin, mercredi, j'ai un cours à 8h. J'arrive donc tard à la maison le mardi, avec tout ce que j'ai à faire dans ma vie de mère (souper, devoirs, bain, alouette!), pour repartir aux premières lueurs de l'aube le mercredi matin. Mon plus jeune dormait encore. Bref, j'ai l'impression que la journée du mardi et celle du mercredi fusionnent dans mon horaire pour ne faire qu'une seule et même llllooonnnnngguuuee journée. Ça me donne donc le pouls pour la session. Le vendredi, j'ai aussi deux cours. Un de deux heures, l'autre de trois. Cinq heures, donc. Je termine à 17h. Évidemment, les cours de 14h à 17h le vendredi ne sont pas les préférés des étudiants. Moi, ça me va assez. Je ne me plains pas. Mais cinq heures, c'est difficile.

Je sais que de l'extérieur, les profs (surtout au cégep) donnent souvent l'impression de se plaindre pour rien. On se dit "quatre ou cinq heures, c'est pas si pire, dans une journée"! En réalité, c'est extrêmement exigeant. Debout devant la classe en donnant un "show", on dépense une énergie colossale. Comme si on était sur scène. Le parallèle est pertinent, sauf qu'en plus, le public interagit avec nous, ce qui complique la donne. Mais il faut également penser qu'enseigner, ce n'est pas seulement en classe que ça se passe. Il y a toute la préparation des cours, les réunions, les étudiants qui viennent au bureau ou qui nous écrivent par courriel et à qui on doit répondre. Sans compter les changements d'horaire des étudiants qui tentent de magasiner leurs cours aux heures qui font leur affaire, ce qui se traduit par des changements sur les listes des profs et des accommodements plus ou moins raisonnables (par exemple, accepter qu'un élève non inscrit sur notre liste suive notre cours et transférer les notes de l'élève à la fin de la session au prof sur la liste duquel l'élève est en fait inscrit... Vous voyez le portrait? Quand on sait que les précaires sont payés en fonction du nombre d'étudiants inscrits sur leurs listes, vous comprendrez que, dans mon cas, on parle de bénévolat...)

Donc voilà. La session est commencée. En plus, j'avais une réunion à Montréal toute la journée de samedi ce qui fait en sorte que mon weekend est amputé. Mais bon.

En gros, la semaine s'est bien passée. J'ai de "bonnes têtes" dans tous mes groupes. J'entrevois positivement les prochaines semaines. Cependant, je connais aussi les potentiels de stress et j'essaie de désamorcer tout risque de surchauffe. Je suis donc moins "élastique" avec mes étudiants, plus claire, peut-être. Certainement moins conciliante. Bref, je n'ouvre plus la porte à des situations qui, par la suite, pourraient me demander encore plus d'énergie. Cela signifie dire "non" un peu plus souvent que je n'en avais l'habitude.

Mais il n'y a pas de surprise: la session sera difficile. Ma tâche n'est pas enviable avec mes quatre groupes de méthodologie, mes collègues le disent en me plaignant un peu. Mais c'est la vie. C'est la réalité de beaucoup d'enseignants précaires. Une réalité ambigüe: le bonheur de travailler et de faire ce qu'on aime accolé à la lourdeur de la tâche et à l'incertitude.

Publicité
Commentaires
D
Lux et Alcib: De l'empathie? Mmmoui. Un peu, c'est vrai. En fait, mes étudiants me font souvent sourire en douce. Mais je pense que j'ai quatre bons groupes cette session-ci. Je devrais donc m'en tirer. Je ne sais pas s'ils "m'aiment assez" pour apprendre quelque chose, toutefois. On verra s'ils s'aiment assez eux-mêmes pour se donner la peine de bonifier leur formation collégiale!
Répondre
A
Je crois aussi, comme le souligne Lux, que l'empathie, la capacité d'écoute et l'affection font vraiment partie des qualités de ceux qui ont du succès dans l'enseignement.<br /> L'élève doit aussi faire sa part, son bout du chemin. J'ai toujours aimé une phrase de Goethe, que je trouve si vraie comme constat : « Que voulez-vous que je leur apprenne ? Ils ne m'aiment pas ! »<br /> <br /> Lux, avec un pseudo pareil et qui te sied si bien, la lumière est présente 365 jours par année. Celui de l'anniversaire n'est que la première page du chapitre à venir.
Répondre
L
Mozart, quel compagnon! Merci pour cette lumière. Je retournerai maintenant un peu à l'ombre pour 364 jours.<br /> Pour l'enseignement, je suis d'accord avec Alcib et Danaée: ça demande beaucoup d'énergie et je crois aussi que ça demande de la passion et l'intégration subjective de la matière (pour la méthodologie???). Mais surtout ce que ça demande et ça Danaée tu le transpires, c'est de l'estime, de l'empahie et de l'affection pour les auditeurs...
Répondre
D
Lux: Tu es né le même jour que Mozart? C'est Alcib qui le dit!<br /> <br /> Alcib: Tu soulignes quelque chose d'important: l'apport du groupe. C'est vrai que le groupe aussi a un rôle à jouer dans la dynamique de l'enseignement. Évidemment, il peut également "prendre" beaucoup d'énergie... c'est là que ça se corse. Merci pour le lien avec Mozart et la fête de Lux!
Répondre
A
En effet, la comparaison avec la scène est assez juste. Enseigner est très stimulant, et aussi nourrissant pour l'enseignant que pour l'élève ; mais c'est aussi très exigeant.<br /> J'ai fait beaucoup de formation au cours des 15 dernières années et c'est le contact avec mes « élèves », la complicité qu'il s'agissait de nouer à chaque fois, la part de séduction qu'il fallait apporter pour donner aux élèves le goût d'apprendre, de participer, etc., c'est ce qui me manque le plus dans le fait de travailler à la maison. Bien sûr, il m'arrive régulièrement d'aller rencontrer des groupes, de prendre la parole devant des dizaines de personnes, mais ce n'est pas la même chose. Je me demande si j'aurais l'énergie en ce moment de faire ce que j'ai fait durant tant d'années ; dans les mêmes conditions, peut-être pas. Mais je crois aussi que le groupe, comme chacune des personnes qui le composent, apporte une certaine dose d'énergie. Les grandes bêtes de scène le confirment ;o)<br /> <br /> Joyeux anniversaire, Lux, né le même jour que Mozart ;o)
Répondre
Soleil en tête
Publicité
Archives
Publicité