Congé pascal
Arrêter. Prendre le temps. Ne pas programmer le réveil-matin. Se laisser réveiller par le changement de lumière dans la pièce. Avoir laissé une plage blanche dans un agenda. Savoir que rien ne presse.
Et savourer cet état des choses.
Oui. C’est congé.
Congé pascal, faut-il le dire.
Et comme ces temps-ci je suis en réflexion sur le sens, la perte du sacré et de valeurs qui longtemps ont été défendues ici, au Québec, je le souligne. Oui, ce sera Pâques dimanche. Aujourd’hui, nous sommes Vendredi Saint.
Oh! Ne craignez rien. Je ne fais pas un retour en religion et loin de moi la nostalgie d’une époque où, en réalité, les choses étaient loin d’être roses et idéales. Non. Mais je dois vous dire qu’en tant qu’historienne de l’Antiquité, voir disparaître les églises, les fêtes et surtout, le sens de celles-ci, ça me désole. Parce que notre passé nous constitue. Que l'oubli de celui-ci nous entraîne nous-mêmes vers l'abîme.
Que mon plus jeune fils, à Rome cet automne, m’ait demandé : ça veut dire quoi « apôtre »? M’a stupéfiée. QUOI? Mais que reste-t-il de l’enseignement religieux au Québec? Qu’on n’apprenne plus aux jeunes le catéchisme, soit. Mais quelle est alors la substance du cours « Éthique et culture religieuse »? Si un enfant de quatrième année du primaire, particulièrement futé et curieux en plus, n’a pas entendu parler des apôtres, bon sang! De quoi est constituée sa « culture » religieuse?
Pour mon plus vieux, j’avais été dure. Je l’ai inscrit au cours d’enseignement religieux qui, à l’époque, existait encore. Il m’en avait voulu. Je lui avais dit : "Vois ça comme un cours d’histoire. Un cours sur tes racines." Mais je me confesse : j’ai poussé l’injure à l’inscrire aussi à des matinées de pastorale à la si belle église Saint-Jean-Baptiste, notre quartier d’alors (église où se rend Thomas dans Enthéos, d’ailleurs).
Eh bien, mon pauvre fils malmené par sa vilaine mère a été bien content, à Rome, d’avoir un peu de cette culture religieuse dont son petit frère était (presque) dépourvu. Avec le recul, il voit d’un autre œil ces cours forcés.
Et moi, comme mère, comme professeure, je me demande comment donner à mes garçons un encadrement sacré. Pas religieux. Pas dogmatique (surtout pas!). Mais un accompagnement spirituel. Un petit « plus » dans une vie qui en est souvent dénuée, dans un monde qui prône le plaisir et la consommation. Un monde qui, je le crains, ne nous mène droit dans un mur.
Alors au menu familial de cette fin de semaine : la très inspirée mini-série Jésus de Nazareth de Zéffirelli. Deux fois trois heures... pour digérer.
Et du repos.
Et un peu de sacré.