Chimio: cycle 15, jour 1
Petit matin moche de début de chimio.
La nausée, en me réveillant. Prolongement d'un demi-sommeil inconfortable. Le café a mauvais goût dans ma bouche empâtée par la médication.
Et le téléphone qui sonne. La secrétaire de mon neurochirurgien qui veut me donner un rendez-vous. Pile poil sur une semaine où je ne serai pas en ville. "Ma" semaine de vacances à l'extérieur avec les enfants. Le ton sec de la secrétaire. Ça ira en juillet. Elle me rappelera.
Tant pis.
Un peu d'abattement, c'est vrai.
Hier, mon oncologue était pourtant jovial. Ensemble, nous avons ri à plusieurs reprises. Il me répète de garder le moral. Que c'est important dans ma guérison. Il dit que je vais guérir, que la chimio sera efficace.
Concernant mon cycle "entrecoupé", mon oncologue m'a prescrit une semaine de traitement avant le départ. "Pourquoi pas 10 jours?" lui ai-je demandé avec en tête la préoccupation de profiter de chaque moment pour bombarder la tumeur le plus possible. Regard par dessus ses lunettes. 10 jours? Si tu veux. "Mais il n'y a pas le feu".
Il n'y a pas le feu?
Non. Il n'y a pas le feu. Dans le cas de mes traitements, ce ne sont pas ces arrêts qui feront la différence. Tout se joue à long terme. D'ailleurs, lors de ma prochaine résonance magnétique, vers la mi-juin, on ne verra rien, m'a-t-il avertie. Ça prend quatre cycles complétés avant de voir une différence (quand il y en a une, car dans mon cas, en 2006-2007, ça a été assez ténu, comme différence...). Mais on fait néanmoins cette résonance, comme test de routine.
Ma formule sanguine est belle. Tout se maintient. Mes plaquettes (les plus touchées, ai-je compris, par le Temodal), puis le noyau en "pinottes en écailles" (rires) de mes lymphocytes. Et le reste. Tout ce qui est non discriminant. Je réagis bien, donc.
Je lui ai dit que j'étais contente des effets de l'Immunocal. "Ton petit lait?". Oui, mon "petit lait". Tant mieux.
Et j'ai mentionné aussi mon anxiété, mes difficultés récurrentes à trouver le sommeil. Regard par dessus les lunettes. Prescription de Serax. Un "relaxant". Ce n'est pas censé me rendre dépendante. J'en prendrai au besoin.
Sinon, on a discuté. Évoqué mon voyage à Rome. Relu des passages de mes rapports de résonance. Ri du vocabulaire médical: "Patiente connue pour un oligodendrogliome (...)". "Connue pour ça?!" Rires. Tournure médicale un peu curieuse, quand on s'y arrête. Mais bon. Je lui ai quand même dit: "Dans le fond, si vous me "connaissez", c'est pour ça."
Mais je suis plus que ça.
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Image: La corde sensible, de René Magritte.