Le cauchemar des piles
Ces jours-ci, je me débats avec mes vieux démons: les piles.
La pile, pour moi, représente, symboliquement, l'essence même du bordel. De ce sur quoi on n'a pas de prise. De ce qui stagne, du non réglé, non assumé. Tout ce qu'on laisse en plan, projets, idées, responsabilités... Tout ce qu'on fuit. La pile est un rappel visuel constant que des choses attendent d'être prises en charge.
Je ressens un bien être indicible lorsque j'arrive à mettre de l'ordre en profondeur dans mon bureau -univers des piles par excellence- et que je réussis à m'en débarrasser. Or, ce n'est malheureusement pas souvent que je réalise ce tour de force, car dès que je me mets à ranger, je finis infailliblement par faire encore plus de piles, je repousse d'autres dossiers sur d'autres piles... Puis, la fatigue me gagne, je me décourage, je me mets à avoir trop mal au dos, alouette. Et, abattue, dans une reddition totale et déprimée, je refais une énorme pile avec toutes les petites piles que j'essayais de ranger.
Oui. C'est le cauchemar des piles.
Et ces jours-ci, alors que j'essaie d'organiser ma vie, de structurer mes journées et d'entreprendre un congé de maladie serein sans être apathique, je vois un contraste entre les listes qui me détendent et me donnent l'impression d'avoir du contrôle sur ma vie (mais c'est une illusion, en réalité, on contrôle bien peu de choses en ce monde...), et les piles, qui sont des témoignages de mon impuissance contre le chaos.
Bref. Dans les prochains jours, tranquillement, je vais venir à bout de l'énorme pile que j'ai fini par faire la semaine dernière, lors d'une tentative de frénésie ménagère qui a résulté... en coincement de cou et en sentiment généralisé de ras-le-bol.
Soupir. Au moins, j'ai dégagé ma surface de travail sur mon bureau. C'est déjà ça de pris!