On peut se dire au revoir plusieurs fois
Il y a trois ans, le 25 juillet 2011 au matin, j’ai été ébranlée, à mon réveil, par l’annonce à la radio du décès du médecin psychiatre et auteur renommé David Servan-Schreiber. Après 19 ans de lutte contre son cancer au cerveau, il venait de perdre la bataille. À 50 ans.
J’ai pleuré dans mon oreiller.
Je me souviens très bien comment j’ai été attristée par cette nouvelle, parce que je partage la même réalité et que j’avançais doucement, jour après jour, vers l’éventualité d’une rechute (qui a eu lieu 7 mois plus tard) et, si aucun miracle ne survient, vers ma mort. Et cette bataille, vécue par un autre, faisait écho à la mienne.
À travers les livres reçus de l’amie de ma mère récemment, j’avais trouvé On peut se dire au revoir plusieurs fois, de Servan-Schreiber. Je l’ai terminé hier. Un recueil de réflexions qu’il a écrit à la fin de sa vie, avec la dernière attaque de son cancer, quand l’espoir s’amenuisait. À bien des égards, ses constats rejoignent ce que j’ai pu écrire ici, sur Soleil en tête. Mais pour Servan-Schreiber, qui a écrit les livres Guérir et Anticancer, la réflexion touchait surtout sa propre démarche et ses convictions dans son mode de vie «anticancer». Si la maladie avait raison de lui, en allait-il autant de ses principes de santé?
Non. Bien sûr que non.
Pourtant, il avoue revoir différemment l’ordre de priorité des principes anticancer. Ainsi, c’est la méditation quotidienne ou la cohérence cardiaque qu’il place en premier, suivie par l’exercice physique et l’alimentation. S’il reconnaît, à la fin de sa vie, avoir négligé sa sérénité, happé qu’il était dans son travail et la promotion de ses livres, il n’a pas de regrets. Mais surtout, il a réalisé l’importance des liens, qu’ils soient avec nos proches ou entre les cellules de notre corps et, à plus large échelle, entre nous et notre planète… qu’il faut sauver de son cancer.
Je ne dirais pas que cette lecture m'a fait du bien, puisque ces jours-ci je nage en pleine mélancolie. Mais c'est un beau livre qui peut certainement accompagner la réflexion.
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David Servan-Schreiber avec la collaboration d'Ursula Gauthier, On peut se dire au revoir plusieurs fois. Paris, Robert Laffont, 2011. 157 pages.