Revenir à soi
Quelle curieuse expression que celle de « revenir à soi ». Utilisée en effet pour décrire une personne reprenant « connaissance » après un évanouissement.
Et déjà, ces concepts : s’évanouir. Comme si l’on disparaissait. Et « revenir à soi », comme si l’on s’était enfui quelque part. Puis qu’on revenait au lieu de départ : soi-même.
Hier, j’avais l’impression de revenir à moi. De refaire un chemin vers moi-même. Car j’ai passé une journée entière plongée dans « mon » monde : les études anciennes.
Le colloque annuel de la SEAQ. Huit entretiens sur des sujets divers, tous liés aux études classiques. Certes, des titres aux abords un peu rebutants tels « Problèmes et limites d’une nouvelle édition des deux Livres de Iéou du codex Bruce (Oxford, MS Bruce 96) », par exemple. Mais au contenu passionnant. Plonger dans la problématique d’un texte du 4e siècle, dont le manuscrit est maintenant rongé, illisible, perdu en partie? Textes gnostiques au sens intrigant. Réflexions des hommes du passé sur l’âme et la mort.
Et, belle surprise pour moi : un exposé sur la magie orphique, de même qu’un autre sur le sphinx et sa symbolique de gardien de l’Arbre de la Vie. Sujets intimement liés, pour moi. Confusément, encore. Mais qui relancent, nourrissent mon roman sur Orphée et Mnémosyne.
Oui. Impression de respirer à fond. Vivifiée par un air frais. Revenir à moi. À mes sources. Qui sont celles de la civilisation occidentale. Oubliées, de plus en plus. Mais que défendent encore une poignée d’irréductibles passionnés au sein desquels, peut-être, j’ai encore ma place.
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Photo: l'Aurige de Delphes et symbole de la Société des études anciennes du Québec. Delphes, haut lieu de culte ancien, où trônait en façade du temple d'Apollon la maxime "Connais-toi toi-même". La devise de la SÉAQ, "Humani nihil a me alienum", de Terence signifie qu'étant humains, rien de ce qui est humain ne nous est étranger.