Insomnie
Je me retourne depuis de longues minutes, alors je me suis levée. Et je viens errer sur la Toile qui, elle, ne dort jamais.
Y a-t-il quelque chose de plus angoissant que de chercher le sommeil à côté de quelqu'un qui l'a trouvé presque instantanément?
Je sais bien pourquoi je ne dors pas.
Je commence à avoir peur.
Et j'ai beaucoup de boulot à faire avant de pouvoir me "consacrer" à mes traitements... Mes corrections m'attendent demain. Étalées sur la table de la salle à manger. Je le sais. Et plus je pense à ce qui m'attend, plus j'angoisse et plus loin fuit le sommeil.
Je me sens seule.
Oui. Même si je suis entourée, appuyée, aimée.
On est seul, fondamentalement. Et ce n'est pas un mal. C'est une réalité. On peut la nier, bien entendu. Mais cette réalité finit toujours par nous rattrapper. Mais il y a des moments où on ne peut plus le nier. Les grandes épreuves de la vie en sont. Comme la maladie, la douleur, la mort.
Je n'ai pas eu de nouvelles de l'hôpital ni jeudi, ni vendredi.
La tumeur continue de grandir dans mon cerveau. Que je dorme, que je sois éveillée. Je commence à avoir peur d'elle.
J'ai des étourdissements. De plus en plus de difficultés à éviter mes erreurs de langage.
Et rien de concret pour la suite des choses...
Sans compter celui qui dort dans mon lit. Passé de l'autre côté de la réalité. Celui qui me manque tant et à qui je reproche de gaspiller les dernières journées qui me séparent de la souffrance et de ma guérison. Il est toujours ailleurs. Toujours pour de bonnes raisons... mais qui ne me satisfont jamais. Je lui en veux.
Et je reste réveillée. Dans ma solitude, ma peur.
Le soleil ne brille pas toujours. Surtout au coeur de mes nuits d'insomnie.