Mon médecin, ce héros
Il y a une chose qui m’a frappée lors de mon intervention et c’est la confiance incroyable que j’ai en mon médecin. Une confiance basée sur la relation que nous avons bâtie jusqu’à présent, en de brefs et peu nombreux entretiens en clinique, mais aussi sur ce que j’ai entendu dire sur lui par d’autres collègues qui le connaissent dans sa pratique professionnelle. Je suis dans les mains d’un des meilleurs neurochirurgiens au Québec.
Toutefois, cette relation avec un médecin demeure assez superficielle tant qu’elle se passe au-dessus d’un bureau, à raison d’une quinzaine de minutes chaque fois.
Elle change radicalement quand, pour la première fois, vous voyez apparaître VOTRE médecin, ce héros de la salle d’opération, habillé pour le boulot. En vert de pied en cap, le ton enjoué, s’avançant vers vous. Il vous parle, vous rassure. Il vous connaît. Soudainement, vous savez que tout va bien se passer.
Je pense qu’il y a quelque chose de spécial dans l’attitude des médecins lorsqu’ils passent du côté du bloc opératoire. Ils ne sont plus vraiment les mêmes. Ce ne sont plus ces hommes ou ces femmes sérieux et préoccupés, habillés en veston ou en tailleur qui vous reçoivent un peu froidement en clinique. Non. Quand le médecin passe son uniforme vert, son petit chapeau, son masque, il apparaît dans toute sa passion pour la médecine. Quand il est là, bras nus, masqué, il perd un peu de son individualité tout en revêtant bien haut sa passion. Quand on voit ainsi les médecins, on comprend qu’ils sont en train de faire ce qu’ils aiment. Ils sont exactement en train de pratiquer la médecine, leur spécialité, celle qu’ils ont choisie de faire quand ils étaient jeunes. Celle qui les anime.
Quand j’ai vu s’avancer vers moi mon médecin vendredi, j’étais en train de me faire expliquer une technique respiratoire par une très gentille infirmière convaincue que le yoga pouvait grandement m’aider à relaxer (ce que je n’avais aucune peine à croire). Je l’ai déjà dit, le personnel en salle d’opération et aux soins intensifs a été d’une grande gentillesse et d’une réelle compétence. Mais personne ne me connaissait personnellement si ce n’est mon médecin. Celui qui me suit depuis quelques temps. Qui m’a annoncé des mauvaises nouvelles, certes, mais qui essaie de me sauver.
Donc, quand tout à coup est apparu mon neurochirurgien, qu’il m’a saluée, que je l’ai vu ainsi, habillé pour faire « la job » comme on dit ici, j’ai vu quelqu’un d’autre. Un vrai passionné, bien dans son univers. Aimé, aussi, par les gens qui travaillent avec lui. Et j’en ai été transportée. Et ce sentiment m’a tellement marquée que j’ai voulu vous en parler. Avant même d’aborder d’autres aspects plus triviaux de mon passage à l’hôpital.
Oui. Je me suis sentie pleine d’affection pour ce grand monsieur en vert, si simple, tout à coup, si abordable, si gentil et préoccupé de mon sort. Et j’ai aussi compris que j’avais besoin de ressentir cette solide confiance. Immédiatement, j’ai su que le reste irait bien. J’étais entre bonnes mains. Celles de cet homme passionné que je découvrais ainsi sous un autre jour. Sous l’angle que je connais bien : celui de la passion. Celui qui ne ment pas quand on voit quelqu’un qui aime ce qu’il fait. Sous cette lumière parfaite qui apparaît chez ceux qui pratiquent un métier qu’ils aiment.