Rester centrée
Ma journée grise d’hier a continué en pente descendante pour culminer avec la réception de deux avis de refus de mon manuscrit par des maisons d’édition. J’étais allée ouvrir ma boîte de courriels pour envoyer un message et les mauvaises nouvelles m’attendaient.
Le premier avis ne faisait même pas suite à un accusé de réception (je commençais d’ailleurs à me demander si le manuscrit, envoyé par courriel à cette petite maison d’édition, avait été reçu). C’était la lettre type de refus, sans personnalisation. Il y avait même une faute d’orthographe.
Le second, cependant, était plus détaillé et, peut-être, personnalisé. Ou encore j’ai tiré une des trois ou quatre lettres types de la maison… Enfin. Le directeur littéraire s’exprime en ces termes dans ce qui m’a semblé un commentaire personnalisé : « J’ai parcouru votre manuscrit. J’ai trouvé votre écriture maîtrisée et le récit bien mené mais l’une et l’autre de ces qualités ne m’ont pas touché au point que je songe à publier votre roman. En fait, il y manque ce petit quelque chose qui m’aurait enflammé. Mais qui sait, un autre éditeur sera peut-être charmé… »
Bon. C’est peut-être la lettre type envoyée à tous les candidats qui savent écrire sans torturer la syntaxe et la grammaire en menant une histoire sans trop de cafouillage jusqu’à la fin. Mais bon. Sans le « petit quelque chose », mon manuscrit n’est pas intéressant. « Mais qui sait… »
Mon amoureux qui n’est presque jamais là mais qui, lorsqu’il est présent a toujours le bon mot d’encouragement, me souligne que ce pourrait être pire : mon manuscrit pourrait être retenu mais à retravailler, puis ensuite rejeté malgré tout! Car c’est la réalité du milieu : les maisons d’édition sélectionnent des manuscrits intéressants, les font corriger par les auteurs et les correcteurs, puis refont une deuxième sélection. Mais alors, que de temps perdu pour l’auteur si le manuscrit est refusé!
Et tout ça pour quoi? Pour qu’un livre se vende à 300 exemplaires pour ensuite être passé au pilon?
Mais je dois rester centrée. Me rappeler pourquoi j’écris. Et ce n’est pas pour être publiée nécessairement. La publication n’a pas de poids réel dans le plaisir que je retire de cette activité. Au jour le jour, je suis habitée par mes réflexions, les mots, les phrases. Même quand je ne suis pas au clavier, j’écris toujours un peu. Mentalement.
Je rêve. C’est mon mode de vie.
Illustration: Décalcomania Magritte.