Montée de stress
Les indices ne laissent pas place au doute: mon cou coincé, mon dos qui menace, lui aussi, d'arrêter de coopérer, mon caractère de chien... Non, aucun doute: je suis stressée.
Je l'ai compris vendredi, après avoir servi tout un savon à mon Amoureux pour qui mes traitements de chimiothérapie semblent être devenus une habitude, une routine. Que je sois malade fait maintenant partie du quotidien et, comme j'assume la plupart des tâches ménagères et la paperasse administrative comme je le faisais avant, il n'y a pas besoin ici de changer quoi que ce soit dans cette belle routine.
Non. Pourquoi donc faudrait-il changer quoi que ce soit?
Eh bien, tout simplement parce que je ne suis plus comme "avant".
Je me fatigue. Je perds rapidement mon énergie et ma concentration. J'ai un système immunitaire défaillant, mon souffle s'amenuise. Et, surtout, parce que je n'ai pas la même résistance au stress qu'avant. Et que, dans quelques jours, je serai de retour sur le marché du travail, avec du stress en plus et du temps en moins pour tout faire. Donc je ne pourrai plus tout faire, justement.
J'ai donc réalisé que j'étais stressée. Que rentrer au travail me pèse. Que je le fais seulement parce qu'on commence à manquer d'argent mais que, si je le pouvais, je continuerais à me reposer ici, tranquille. Je suis stressée et j'ai besoin de ne pas être seule à tout assumer, à tout faire. J'ai besoin de mon Amoureux pour m'épauler. Et pas seulement en paroles bien senties. Non. De façon concrête.
Toutefois, je me sens presque capable de reprendre le collier. Alors quand j'ai de telles poussées de stress, je me demande si c'est vraiment parce qu'il est encore trop tôt pour travailler ou tout simplement parce que j'ai la trouille de replonger dans la "vraie" vie active.
Se peut-il que j'aie seulement peur? En tout cas, une chose est certaine, c'est que je ne peux pas tout faire seule. Mon Amoureux l'a, je crois, compris.
Illustration: Contorsion, sculpture de Pierre-Roland Dinel.