Outrepasser ses limites
Dans mon dernier message, j'ai évoqué l'importance de mettre ses limites par respect pour soi et dans le but, par la suite, de mieux être disponible pour les autres. Mais il se trouve que mettre ses limites peut être difficile. Hier, j'en ai eu un bel exemple. Un exemple dont je me serais bien passé et qui m'a placée dans une situation embarrassante.
En fait, en me levant hier matin, j'étais fatiguée. Pas exténuée. Juste endormie. Je me suis dit qu'avec un bon café et en déjeunant, en me préparant pour aller au boulot, les choses rentreraient dans l'ordre. Bien sûr, au son du radio-réveil, j'avais joué mentalement avec l'idée de ne pas rentrer travailler et de dormir encore... Mais j'avais pris cette envie pour de la paresse.
Rentrée au travail, j'ai continué à ressentir cette fatigue. J'avais du mal à rester concentrée sur mes copies. Je devais relire plusieurs fois une phrase pour la comprendre. Dès que les mots étaient lus, je les oubliais immédiatement. J'ai repris un café...
À la pause de 10h15, en me levant de ma chaise, je me suis rendu compte que j'avais du mal à lever les pieds. Ce n'était plus une fatigue normale... C'était la grande fatigue de chimio! Oh, non! J'ai un peu paniqué intérieurement. J'étais trop faible pour penser rentrer chez moi en autobus ou en taxi. J'ai appelé au bureau de ma mère pour voir si elle pouvait venir me chercher. Elle s'est libérée et s'est envenue dans les minutes qui ont suivi.
L'endroit où je travaille est au septième étage d'un immeuble à bureaux. Il me fallait redescendre en ascenseur... J'ai annoncé à ma superviseur que ça n'allait pas du tout et que je partais. Elle m'a demandé si j'avais besoin d'aide. J'ai accepté qu'elle m'accompagne. J'étais chancelante, mes jambes me portaient à peine. Même pour attendre l'ascenseur, j'étais incapable de rester debout. Elle m'a amené une chaise.
En bas, dans le hall, elle est restée avec moi jusqu'à l'arrivée de maman. J'avais un peu de mal à retenir mes larmes. Je me sentais humiliée. Même si ma superviseur ou mes coéquipiers sont d'une grande gentillesse et qu'ils comprennent ce que je vis, je m'en voulais de m'être placée en situation de faiblesse au vu et au su de gens qui ne me sont pas intimes. Si j'avais écouté les signes hier matin, je me serai épargnée cette exhibition honteuse.
J'ai fini par aboutir chez ma soeur qui prépare son déménagement. Maman ne voulait pas que je sois seule chez moi, sans personne pour me venir en aide au besoin. J'ai donc dormi sur le lit de ma soeur, pratiquement incapable de faire quoi que ce soit d'autre de la journée.
Aujourd'hui, je reste à la maison pour continuer à me reposer. Mes jambes sont encore flageolantes. Je m'essouffle vite. Je vais donc prendre ça tranquillement... Mais ce qui me chicotte, c'est que j'en suis à ma deuxième journée SANS Temodal. Normalement, ce sont de bonnes journées où mon énergie revient. Il faut croire que l'accumulation des mois se fait peut-être sentir.