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Soleil en tête
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6 septembre 2014

Le clan

© Naama, Flickr, cc by sa 2.0

Matin humide et brumeux. Course avec mon amoureux au parc du Bois-de-Coulonge. L'odeur mouillée des arbres, de l'herbe. Mes idées qui filent alors que, mi-consciente de mon corps et de mes pensées, je flotte dans un entre-deux rêveur.

Dans l'herbe gorgée d'eau, des écureuils bondissants. Mais aussi des corneilles, noires et jacassantes. Fouillant la terre de leur bec puissant, posant leur regard vif sur les coureurs que nous sommes. Rarement seules, les corneilles. Elles vivent en bande. En groupe familiaux. 

Mon regard s'accroche à l'une d'elle. Blessée, difforme. Dans son cou, des bosses. Je cours. Je pense à la corneille. J'en glisse un mot à mon amoureux. Que lui est-il arrivé? Une morsure d'animal? Une bataille, un coup de bec rageur d'une rivale? Une infection... une maladie. Un cancer, même.

Je fais un tour. Revois les oiseaux. Un autre tour, le clan s'est déplacé, mais je le distingue, car la corneille blessée est bien visible, avec ses comparses. Elles sont quatre. L'automne vient. L'une d'elle ne passera probalement pas l'hiver.

Je refais un tour. Les minutes s'égrennent. Je cours. Dans mes pensées. J'ai un peu de peine pour cette corneille au cou meurtri. Mais c'est la vie. Triste, injuste. Tranchante. Cruelle.

Belle, aussi. 

Il y a le clan. Il y a la solidarité. Tant qu'elles le pourront, les corneilles saines veilleront sur leur soeur malade. Prolongeant sans doute sa vie. Sa simple vie de corneille.

Sur le chemin du retour, vers la maison, l'image du cou bosselé de l'oiseau m'est entrée dans le coeur. J'ai ravalé mes larmes, la gorge serrée. Parce que l'image, soudainement, se superposais en moi. Je suis une corneille malade. 

Et c'est mon clan qui veille sur moi.

Mais l'automne approche. Et je ne sais pas si je passerai l'hiver. 

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Commentaires
M
courage à vous tous la maman de David
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E
après une crise d'epilepsie, on m'a trouvé un oligodendrogliome grade 4, depuis ce jour ma vie a basculé, mon humeur changeait souvent et je supportais de moins en moins de choses (signaux avant coureurs sans doute), depuis mon neurochir m'a opérée et m'a totalement enlevé cette tumeur, super. Sauf que j'ai un traitement lourd à suivre 6 semaines de radiothérapie j'entame la 5ème mais encore quelques maux de tête j'ai déjà perdu mes cheveux du côté de la cicatrice et je dois enchainer sur une chimio durant 6 mois 15j en intraveineuse et entre-temps en cachets, on m'a expliqué qu'il s'agissait du seul traitement efficace pour cette tumeur qui visiblement était rare car située côté frontale droit. L'opération a très bien réussie, bien réveillée, presque en forme après à la grande surprise de beaucoup de personnes, ensuite 1 mois dans un centre de rééducation fonctionnelle (reprise musculaire progressive et exercices cérébraux), aujourd'hui ma mémoire va bien mais je suis sous traitement anti-epileptique à vie et les effets secondaires me dérangent (déprime, irritabilité, manque de sommeil, manque de concentration), je dois faire de la remédiation cognitive travail sur la concentration et des exercices cérébraux divers pour voir si tout est OK car ce sera en fonction de cela qu'on pourra déterminer si je peux faire auxiliaire de vie scolaire et biographe, en revanche, malgré que je me dise que je dois vivre au jour le jour et qu'on m'a donné une seconde chance car super bien opérée,bien remise, les pronostics concernant la récidive sont plutôt positifs avec ce traitement, même s'il est assez lourd. Je n'arrive pas à vivre au jour le jour et j'appréhende la chimio, même si je sais que désormais il existe des anti-nauséeux efficace etc.....et la fatigue risque d'être énorme visiblement, je ne sais pas si j'aurais du coup le courage de faire ma rééducation qui me fait du bien car j'ai l'impression de faire du sport et d'avoir repris une "vie normale", la chute des cheveux à venir je m'y suis plus ou moins préparée, seul mon fils de11 ans l'appréhende il ne veut pas me voir sans cheveux donc je ferais tout ce qu'il faut pour qu'il me voit le moins possible le crâne chauve. Seulement comment vivre au jour le jour sans anticiper sans anxiété ? Qui a déjà vécu cela ? Vos conseils me seront très précieux j'en suis sûre.
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V
Julie Julie , ne désespérez pas , une si belle âme ne peut pas se transformer ,même après une telle intervention . Si vous perdez pied , je perdrai pied aussi !!!!!!! <br /> <br /> Je vais regarder les corneilles différemment maintenant . Courage Julie ! Gros bisous de France .
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K
je rejoins tardivement la famille des corneilles protectrices,par delà l'océan,c'est à bordeaux que ton billet m'a touché...<br /> <br /> je cherchais des infos avant d'accompagner une corneille de mon clan à son premier IRM....je sais déjà que tu vas m'apporter beaucoup et je vais suivre pas à pas les billets de ton blog. Merci et Courage bel oiseau.
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E
Lâche pas Julie! <br /> <br /> Ce billet est vraiment touchant, vraiment beau.<br /> <br /> Moi, je te lis, tu es mon rayon de soleil à moi, un secret que je ne partage pas.<br /> <br /> J'ai hâte de lire ton récit dans le livre collectif. Tu étais magnifique dans cette robe rose.<br /> <br /> J'ai travaillé en neurochirurgie, t'inquiète pas, ils prendront bien soin de toi, ce sont des passionnés. Je t'envoie plein de tendresse et de paix. Erika X
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