Les activités autotéliques
Comme je l'ai résumé précédemment, le bonheur selon les recherches de Mihaly Csikszentmihalyi consiste à atteindre l'expérience optimale et les activités autotéliques permettent d'atteindre cet état.
Les activités dites « autotéliques » sont celles qui sont effectuées pour elles-mêmes. Le terme « autotélique » vient des mots grecs « autos » (soi) et « telos » (but). « L’expérience optimale est une fin en soi; elle est recherchée pour elle-même et non pour d’autres raisons que l’intense satisfaction qu’elle procure. (…) Bref, l’expérience est dite « autotélique » (…) quand la personne se centre sur l’activité pour elle-même et non sur les conséquences de celle-ci » (p. 79-80)
Dans notre quotidien, la plupart des activités qui occupent notre temps sont à la fois autotéliques et exotéliques, comme notre travail, effectué pour obtenir un salaire. Toutefois, il n’est pas rare que lorsque nous entreprenons une activité pour des raisons extérieures, nous en retirions progressivement beaucoup de satisfaction de sorte que cette activité devient autotélique. C'est le cas du travail lorsqu'il permet de se réaliser et de trouver l'enchantement.
Les activités autotéliques provoquent l’expérience optimale quand elles présentent les huit caractéristiques évoquées précédemment. Elles peuvent toucher tous les domaines de notre vie. Mais il peut sembler curieux de constater que c’est souvent dans le travail que les gens vivent l’expérience optimale et non dans leurs loisirs. En fait, trop de gens occupent leurs moments de loisirs par des activités passives qui demandent peu de concentration, en particulier la télévision. Mais dans le travail, la concentration exigée et la rétroaction permettent davantage d’atteindre l’expérience optimale. Toutefois, les loisirs dits « actifs » (hobbys, sports, cinéma, lecture, …) sont stimulants et susceptibles de créer l’expérience optimale.
Par ailleurs, il faut souligner que notre santé mentale a besoin de « rythme » et que notre capacité à organiser notre vie influe sur notre bonheur. Alterner nos activités devient donc essentiel à notre bien-être.
Enfin, comme le souligne Mihaly Csikszentmihalyi, il existe un paradoxe dans notre monde occidental : nous avons plus de temps de loisirs que jamais auparavant (en moyenne 20 heures par semaine) mais ce temps est rarement utilisé pour des activités stimulantes.
Bref, trop de gens sont paresseux et perdent leur temps libre… perdant ainsi des occasions de vivre l’expérience optimale et, par conséquent, l’accès au bonheur.
Mihaly Csikszentmihalyi. Vivre. La psychologie du bonheur. Paris, Robet Laffont. 1994. Coll. "Réponses". 264 p. (Traduit de l'américain. Titre original: Flow: the psychology of optimal experience, paru en 1990) Résumé des pages 79-96.