Oiseaux de février
Février est là.
Aujourd'hui, j'avais rendez-vous avec ma Dre Lumière, ma chère neurochirurgienne, allumeuse de réverbères, qui sait rallumer l'espoir. Pour quelque temps. Et c'est juste en sortant de l'hôpital que mon Amoureux m'a fait remarquer que ça faisait trois ans, depuis l'opération.
Oui, oiseaux de février. Comme ceux qui envahissent par moment la mangeoire. Que j'observe, les plaignant (comment font-ils pour survivre à des - 25oC?) ou les enviant, pour leur absence de souci... autre que celui de manger ou de trouver un peu de chaleur. Moi, immobile devant la fenêtre, la tête fourmillant de mille sources d'anxiété. Qui vont et viennent. Ma tête où continue de grossir la tumeur.
Bref, mon mois de février est plein de rendez-vous. Le 1er, j'avais un IRM (normal, avec injection de gadolinium). Aujourd'hui, mon rv avec ma neurochirurgienne; le 8, je revois ma psychologue. Le 13, je vois ma neuropsychologue et je passe mon IRM fonctionnelle. Puis le 23, je vois le neurologue pour un suivi sur mes médicaments.
Mais aujourd'hui, c'était Dre Lumière.
Avec les comparaisons entre mon dernier IRM (passé durant mon hospitalisation de la fin octobre) et celui du 1er février, ma chirurgienne a vu qu'il y a encore un bon millimètre qui s'est ajouté, toujours vers l'avant. Est-ce dans la zone du langage? Difficile à dire, car ma résonance fonctionnelle sera le 13. Mais pour elle, pas de doute, on s'en va vers une opération. Car la meilleure option, c'est toujours d'enlever le maximum de la tumeur. Ensuite vient la chimio (et, si vraiment c'est devenu trop rapide et malin, il peut y avoir de la radio).
Donc c'est une autre craniotomie qui se pointe à l'horizon, le 28 mars (date envisagée, et qui donnera à mes hommes le temps d'aller faire un tour au Japon). Et un suivi plus serré pour voir si les restes de la tumeur continueront à augmenter, si oui: chimio (Temodal).
Au moins, il y a des choses que je n'aurai pas à revivre, comme la prise de Dilantin. Souvenez-vous, c'était un anticonvulsivant qui devait prévenir les crises d'épilepsie durant la chirurgie. Or, il ne semble pas que les résultats soient si merveilleux que ça. Bref, ma neuro ne le fait plus. Évidemment, je continuerai à prendre mes anticonvulsivants actuels (et elle croit que lors de mon rendez-vous le 23 mon neurologue n'osera pas changer ma médication juste avant une opération...)
Jeudi, je revois ma psychologue et on pourra certainement discuter de cette nouvelle étape. Puis j'aurai la résonance fonctionnelle avec ma neuropsychologue avec qui j'ai été "sous la tente". Je ne l'ai pas revue depuis trois ans! Et dans la semaine du 19 février, je revois ma Dre Lumière, avec, en main, les résultats de mon IRM pour identifier les déplacements de ma zone de langage (et certainement reparler de la chirurgie).
Bien sûr, l'enchaînement des prochains événements est anxiogène. Mais pour moi, curieusement, ça m'enlève une partie de mon anxiété, car les choses deviennent claires. Je cesse d'attendre pour me préparer.
C'est d'ailleurs un des sujets dont j'ai voulu parler, dans mes longues (et finalement vaines, car j'arrive rarement à écrire des billets, je n'arrive qu'à les "rêver"...) réflexions sur un billet en ces lieux. J'y reviendrai sans doute, car le SENS des mots est, ma foi, d'une importance primordiale et ça fait partie des sujets que j'aborde lors de mes séances de psychothérapie.
Je vous reviens sous peu.